Apprendre en tous lieux, à tout âge, seul ou avec les autres, dans l’action ou par l’expérience, c’est le défi que nos enfants devront relever car nous sommes bel et bien entrés dans l’ère de la connaissance.
Cette notion d’apprentissage tout au long de la vie apparaît plus que jamais incontournable pour faire face à une société où tout s’accélère à une vitesse parfois vertigineuse.
L’explosion de l’information rendue accessible à tous par l’avènement des nouvelles technologies et surtout d’Internet est certes un atout majeur mais sans réelles capacités de maîtrise et d’appropriation de toutes ces données brutes, ce déluge informationnel n’offre finalement que bien peu d’intérêt.
Et si le savoir devient potentiellement accessible à tous, il ne l’est en réalité que si l’on est en mesure de décrypter, d’analyser et surtout d’évaluer les informations auxquelles nous avons accès.
C’est déjà ce que soulignaient en 1985 les experts du rapport France An 2000 : « La maîtrise du savoir et de l’information sera vraisemblablement un facteur crucial dans les 15 prochaines années »
Susciter l’envie d’apprendre
Nos enfants doivent donc être prêts à apprendre dans toutes les situations car l’école ne détient plus le monopole de l’apprentissage et notre rôle de parent ou d’éducateur est essentiel pour les inciter à décrypter en permanence le monde qui les entoure.
C’est au travers des expériences vécues au quotidien que se produit aussi l’apprentissage et c’est surtout en ayant une attitude réflexive vis à vis de ces situations que chacun peut être en mesure de développer des compétences.
Susciter dès le plus jeune âge, l’envie d’apprendre pour qu’elle persiste tout au long de la vie nécessite de travailler sur trois axes distincts :
– Vouloir apprendre : comprendre ce qui me motive à apprendre
– Savoir apprendre : savoir comment m’y prendre pour apprendre
– Pouvoir apprendre : saisir les occasions multiples et variées d’apprendre
Et l’on comprend mieux que vouloir actionner le levier « motivation » sans se soucier des deux autres ne suffit pas et qu’il convient de travailler simultanément sur l’aspect méthodologique et sur les opportunités d’apprendre au travers d’environnements d’apprentissage variés.
Apprendre de toutes les situations
Il a été prouvé récemment que 70 % de nos apprentissages se faisaient en dehors de lieux prévus pour apprendre telle que l’école.
Ce que l’on appelle les apprentissages informels ont toujours existé mais à la manière d’un iceberg la partie la plus importante est immergée et invisible.
Pourtant ce type d’apprentissage est méconnu et la plupart du temps il n’est pas reconnu par les personnes elles-mêmes comme source de connaissances et d’enrichissement de nouvelles compétences.
Inciter nos enfants à saisir toutes les opportunités d’apprendre quelles que soient les situations peut s’avérer fort utile et ne saurait se réduire à une accumulation de savoirs car nous les équipons de bien plus : « savoir être » et « savoir faire » seront également précieux dans leur vie d’adultes.
Adopter une attitude réflexive
« Quoi qu’il m’arrive, qu’est ce que j’apprends ? » résume assez bien cette attitude.
Inciter nos enfants à la réflexion non seulement avant d’agir mais surtout après avoir agi est essentiel car les expériences heureuses ou malheureuses sont riches d’enseignement.
Le rôle du parent est précieux :
« Tu as le sentiment d’avoir raté ton exposé ? Le fait que tu l’aies raté te rend triste et c’est bien compréhensible mais ce que je t’invite à faire maintenant est bien plus important encore. Voyons ensemble ce qui s’est passé, comment cela s’est passé et pourquoi cela s’est passé ainsi »
L’enfant peut ainsi prendre conscience de ses comportements, de ses aptitudes, de ses compétences et de tout ce qu’il entrevoie pour améliorer les choses.
Rester sur un échec ne peut que s’avérer négatif et altère considérablement la perception d’efficacité personnelle. Faire de l’échec une simple expérience qui va s’avérer riche d’enseignements pour l’avenir est autrement intéressant.
L’analyse réflexive peut être menée seul quand on est adulte mais nécessite un accompagnement quand il s’agit d’un enfant : savoir l’écouter, savoir le questionner sur son activité pour l’aider à progresser.
Car pour être efficace, il faudra que l’enfant se situe essentiellement dans l’action et qu’il reste centré sur un moment précis de celle-ci. Ce qui nécessite de l’aider à se replacer dans le contexte et de l’amener à expliciter.
« Souviens toi, comment vous avez organisé votre travail de groupe avec tes camarades pour préparer cet exposé. Avez vous réfléchi au rôle que chacun devait jouer dans cette présentation ? As tu remarqué que dans le groupe il y avait quelqu’un qui cherchait à imposer son point de vue ? Comment t’es tu senti face son attitude ? Préfères tu diriger les choses ? Ou à l’inverse laisser les autres prendre l’initiative ? »
Pour cela, il est tout aussi important d’apprendre à écouter et ne pas hésiter à interrompre l’enfant pour le questionner que de lui laisser du temps pour réfléchir.
C’est ainsi qu’il comprendra que cette attitude différente vis à vis de ses apprentissages est essentielle pour apprendre en permanence et quelles que soient les circonstances.
Bien plus qu’une accumulation de savoirs qui de surcroît risquent de devenir rapidement obsolètes dans les décennies à venir, permettre à votre enfant d’appréhender les apprentissages différemment sous cet angle nouveau et singulier, c’est l’aider à mieux se préparer à sa vie d’adulte et à faire face aux enjeux que notre société instable et mouvante lui imposera.
Dossier et texte :Béatrice VICHERAT
Béatrice Vicherat: beatrice.vicherat@gmail.com
Pour voir le blog: Voir le site: du côté des parents
Béatrice VICHERAT est docteur en Sciences de l’éducation (Paris X)